Mirroir, lacs et rivières, voici ce qu'ils reflètent sur ton passage:
Celle qui passe près d'eux, c'est toi, une jeune fille d'une taille plutôt petite, avec des formes, oui, tu es plutôt ronde. Tu as un petit peu de ventre, de hanches et de cuisses. Ton visage est tout rond lui aussi, tes joues sont roses, ta peau à la couleur et la douceur d'une pêche. Tu es belle, c'est vrai, pas non plus une femme irrésistible mais tu es jolie. Sur ton visage, une petite bouche souriante, un nez comme tout humains, et deux yeux vert clairs, c'est une vraie prairie qui s'étend dans ton regard. Accompagnant ceci, une chevelure épaisse, voluptueuse, rose pâle attachée en une longue queue de cheval par un ruban vermillon. Dépassant de ta frange qui cache un de tes yeux, une corne courte et recourbée rose foncée. Tu es habillée d'orange et de jaune, tes pieds nues foulent le sol quand tu marches. Ce pied qui est nue, vient troubler l'eau qui te reflétait, toi, la jeune fille qu'elle voyait passer parmi tant d'autre, et qu'elle oubliera parmi les images que la vie a laissé sur elle.

L'apparence est importante, mais ce qui l'est encore plus c'est la beauté de ton âme. Ce que tu es à l'intérieur. Béryl, tu es bien des choses, ton âme scintille de milles couleurs, une pour chacune des tes attitudes, de tes sentiments et de ton caractère. Cette âme, elle est composée de gentillesse et de compassion. Dans la même gamme de couleur, nous avons ton audace et ta bienveillance. Un léger trait de malice pour le contraste. Passons aux couleurs douces. Discrétion, tu parles peu, juste quand il faut, et un peu de fainéantise. Ne te le cache pas, tu adores dormir, rester allonger à contempler le monde et le ciel. Associons cette couleur à celle de ton imagination, tu vois toujours beaucoup de chose dans les nuages où dans les petits rien du quotidien.
Mais comme en tout être, il y a dans ton âme des petites taches de couleur disgracieuse, que l'on appelle défauts. Tu es peut-être un peu trop audacieuse, au point d'en être impulsive. Tu ne réfléchit pas toujours avant d'agir... tu es même assez rancunière . Dans ta discrétion, tu caches beaucoup trop tes émotions négatives et ta tristesse. A force de contempler les nuages, tu en oublie des choses, petite étourdie.
Oh regarde, celles-ci, ces petites taches colorées, ce sont tes goûts. Tu aimes ce qui est doux, ce qui est chaud, comme une couverture, mais pas trop chaud non plus. Tu aimes rêver ou vivre des aventures. Tu aime regarder la pluie couler sur les carreaux, faire la course jusqu'au bas de la fenêtre. Ta couleur préférée est le orange, toutes ces nuances, car c'est aussi la couleur de ton fruit préférée, la pêche. Tu aime le sucré, le salé, mais tu crains l'épicé. Tu adores manger, tout simplement. Tu aimes beaucoup coudre et tricoter. C'est ton talent, quelque chose que tu manie à la perfection.
Tu n'aimes pas quand il fait trop chaud, quand il y a de l'orage, quand la lune est cachée. Tu n'aimes pas perdre non plus, même si tu sais te montrer bonne perdante. Voici comment est peinte ton âme.


  

Ton histoire tu ne l'a raconte jamais. Pour toi elle n'est pas intéressante, ennuyeuse. Comme tous tes congénères, tu as vécu dans le froid et l'altitude des montagnes, une vie a tailler la glace, monotone. Tu ne savais même pas pourquoi tu devais le faire, tu devais le faire c'est tout. Après tu empilais les blocs, et quand la pile devenait trop haute, une autre pile naissait.
Tu en eut bien vite assez de cette vie. Un jour tu te fabriqua un parapluie et sauta de la falaise pour t'envoler loin de tout ça. Mais le ciel se mis à gronder, donc tu rentras, apeurée chez toi. Ta maman ne cessait de te répéter:

"Ma petite, toute petite et tendre Béryl, ce monde est trop grand pour de petites boules comme nous, trop dangereux. Ici nous sommes en sécurité"

Tu étais petite, innocente. Tu avais ta famille, des frères et sœurs, pourquoi quitter ceux que tu aimais ? Tu continua donc de tailler la glace, encore et encore, mais l'amour de tes proches te donnais le courage de continuer...

...

Jusqu'à ce qu'ils ne disparaissent tous jusqu'aux derniers.

Une montagne est comme un grand château de carte, une seule bêtise et tout s'effondre. Lors d'un des traditionnels taillages de glace, une avalanche monstrueuse se déclencha. La plupart des tiens furent emportés, ceux qui réussirent à fuir se perdirent dans les grottes et autres cavités rocheuses. Toi, tu cherchais ta famille, et ne vit pas arriver la vague de neige qui te porta jusqu'à la rivière.

Plouf
Plus rien. Le noir, le silence.

Le courant te mena dans les régions les plus peuplés. Tu t'échoua sur une rive, trempée, épuisée, affamée.


Plus jeune tu voulais partir à l'aventure, et bien la voici qui se présentait à toi, de force. Plus de famille, plus de glace à tailler: c'est triste à dire, mais rien ne te retenais ici. Belle et larmoyante Béryl, tu saisis ton arme et repartie sur les chemins.

Une nuit, des étoiles tombèrent massivement du ciel. Tu t'endormis, insouciante sous leur regard bienveillant.



Mais en te réveillant, ton corps avait changé. Ce qui te surpris le plus, ce fut la présence de bras et d'une bouche fonctionnel. Plus de queue non plus, seulement des cheveux avec les mêmes propriétés.
Peu importe, ça ne te ferais pas arrêter ton périple.

Ah aussi, Béryl joue du tambourin et danse parfois.